L'Oiseau de feu

Dans LʼOiseau de Feu, Edouard Hue porte son attention sur les tensions et les divisions qui caractérisent notre époque. L’avènement des réseaux sociaux a transformé la communication, offrant un potentiel sans précédent pour partager des idées, échanger des points de vue et s’ouvrir à la diversité. Pourtant, cette révolution numérique a aussi son revers. En facilitant lʼanonymat et en amplifiant les opinions extrêmes, les réseaux sociaux sont devenus des plateformes où la haine se déverse quotidiennement, brouillant les frontières entre le réel et le virtuel. La réinterprétation de L’Oiseau de Feu prend tout son sens dans ce contexte. En alliant une oeuvre classique à la vision chorégraphique moderne dʼEdouard Hue, elle démontre que les générations anciennes et nouvelles peuvent être complémentaires.

En structurant la pièce en deux parties – un prélude et une relecture de lʼoeuvre dʼIgor Stravinsky – Edouard Hue tisse un dialogue entre une réalité tangible et un univers magique et oppressant. Ce ballet plonge le public dans un univers imaginaire où lʼhumanité est prisonnière du royaume de Kachtcheï, une figure intemporelle représentant le contrôle et lʼillusion. Le héro/ïne reste ancré dans le réel et incarne lʼessence même de la résistance face à un monde captif dʼapparences trompeuses. Il devient le porteur dʼune quête de libération, cherchant à raviver une flamme de vérité grâce à lʼaide de LʼOiseau de Feu, symbole de lumière et de transformation.

La scénographe Yoko Sayama travaille avec Hue pour concevoir un monde de contrastes, amplifié par la danse physique et intense du chorégraphe, qui pousse ses interprètes à explorer les limites du mouvement et à jouer avec la densité de lʼespace. Les costumes et les lumières, dont la base artistique a été imaginée par lʼartiste Marc Limousin, apportent une dimension graphique qui sʼintègre au tourbillon de la musique de Stravinsky, accompagnée des créations sonores de Jonathan Soucasse, pour créer une oeuvre d’une profondeur envoûtante.